Mad marginal, archive sensible de l'antipsychiatrie

MAD MARGINAL / Les archives,
Dora García, 2011
Le livre d’artiste MAD MARGINAL s’inscrit en parallèle du projet éponyme sur lequel Dora García travaille depuis 2009. Sous la forme d’une boîte d’archive, ce livre d’artiste rassemble 35 documents ayant nourris la recherche de Dora García pendant ces deux ans. Ces documents sont ici reproduits à l’identique sous la forme de facsimilés. Traitant de la marginalité comme d’une position artistique et politique, Dora García s’intéresse aux différentes significations qu’une telle position peut recouvrir ainsi qu’à la contradiction et à la beauté de l’artiste comme figure marginale. Ses recherches ont démarré avec la lecture de textes écrits par le psychiatre et essayiste italien Franco Basaglia (durant les années 60, celui-ci fut entre autre l’organisateur à Trieste et à Gorizia des communautés thérapeutiques qui défendent le droit des individus psychiatrisés. Son combat est à l’origine en Italie de la Loi 180 (1978) visant la suppression des hôpitaux psychiatriques). Le projet Mad Marginal s’inscrit essentiellement dans le contexte de la ville de Trieste où la « Révolution Basaglienne » s’est mise en place entre 1971 et 1978. Les recherches de Dora García pour Mad Marginal incluent également des textes de penseurs et d’intellectuels tels que Fernand Deligny, Michel Foucauld, David Cooper, Ronald David Laing ; des écrits d’écrivains et d’artistes tels que Jack Smith, Antonin Artaud, Lenny Bruce, James Joyce, Italo Svevo, Robert Walser, etc.

''Nous sommes ainsi amenés à mesurer l'écart entre la finalité propre d'un document d'archive et celle que lui donne Dora García. On attend d'un document d'archive qu'il restitue un évènement passé de manière objective. Dora García l'utilise davantage pour faire émerger des réflexions. Elle s'en sert comme d'un support, qui nous invite à une interrogation d'ordre théorique, mais aussi à partager une expérience. L'affect n'est pas mis de côté, alors même que l'objet du dossier d'archives peut paraitre rébarbatif. Il est effectivement question de plaisir. Le plaisir de l'artiste, vagabondant dans ces chemins de pensées et ces bribes d'histoires éclatées, est certainement l'un des fils conducteurs de son travail de recherche. C'est un plaisir de même nature qu'éprouve le lecteur en entrant dans ces documents, et qui le guide dans ses lectures. ''

Sources: Rosascape, entrevue