Comment le représenter, Ron Mueck





Ron Mueck réalise des sculptures hyperéralistes de corps humains à des échelles fantasques. Les scènes sont toujours hantées d'une solitude ou d'une mélancolie, et couvrent toutes les étapes de la vie, de la naissance à la mort. Son oeuvre la plus connue est Dead Dad, une sculpture en silicone de son père mort, jugée par beaucoup impudique. Le corps est reproduit dans ses plus minutieux détails, les veines, les rides, les grains de beauté, les rougeurs, la pilosité, la peau détendue. Les cheveux sont ceux de l'artiste. 

Comme dans la dernière installation de Sophie Calle, exposant une vidéo de sa mère au moment exact de sa mort, je me demande ce que l'artiste veut vraiment montrer dans cette oeuvre. Je ne pense pas qu'il faille s'attacher à sa valeur mimétique. D'ailleurs, la taille de la sculpture rappelle que l'illusion n'est pas parfaite, que la sculpture n'est pas réelle. Ici, ce n'est pas le père de Ron Mueck qu'on voit, ce n'est pas l'homme: c'est peut-être plutôt la représentation d'une intimité qui nous échappe, ou alors celle d'un affect: l'angoisse de l'absence, de la perte, de la mort, réanimée justement par la rencontre de la vie et de la mort.