Dessin organique, Cathryn Boch




« C'est un langage viscéral, un corps que je revis avec le dessin », affirme Cathryn Boch. Dans ses œuvres graphiques, l'artiste strasbourgeoise coud, colle, dessine, ponce, poinçonne le papier, le fragilisant au point de le rendre immatériel. Martyre sous les assauts répétés de l'artiste, la feuille, matière organique, prend vie, s'enfle, s'évide ou cicatrise. Rien ne lui est épargné : acide, savon, béthadine, sucre viennent mordre le support, raclures et ponçages l'achèvent. Les cartes routières découpées redessinent de nouveaux territoires, le monde globalisé se tisse de réseaux infinis, tendus par le fil rouge de la machine à coudre. »

« Il convient de ne pas s’enfermer trop vite dans une forme, il faut qu’une histoire se tisse, qu’une temporalité s’installe, que le dessin se révèle par strates à l’issue d’une lutte engagée avec des papiers souvent épais qui portent vite les stigmates des raclures, scarifications, ponçages, déchirures, piqûres, surpiqûres, assemblages... que l’artiste leur inflige comme pour en accentuer la fragilité. Un corps à corps s’instaure dont le papier fait les frais et dont le dessin, utilisé comme une arme, révèlerait la résistance imprévue. Un ponçage obstiné pouvant conduire ici au point d’usure extrême, mettant au jour une transparence inattendue ; lui donnant, là, le velouté sensuel d’une peau.»