À la fin, Pedro Meyer

















I Photograph to Remember raconte la vie des parents de l'artiste mexicain Pedro Meyer - et leur combat contre le cancer-, à travers les photographies que ce dernier a prises d'eux et d'un récit linéaire sur lesquelles il se superpose. Ce n'est pas un projet documentaire, ni un aide-mémoire. Pedro Meyer n'a pas pris les photographies dans ce but, mais plutôt comme le moyen de revenir, plus tard, sur une expérience qui le dépassait pendant qu'il la vivait.

«I took all those photographs for myself as a way of dealing with death itself. Jean Cocteau commented once, “Photography is the only way to kill death”. After all, memory is precisely that, a way of making a moment permanent. I knew full well that my emotions at the time would not allow me to recall further on, the specifics of any given moment. The photographs have indeed allowed me to return many times to those captured slices of my experience, and flawed as those pictures inevitably are, due to the limitations inherent to the photographic medium, I do get a sense of the way it all happened.»

Sans texte ni narration, les photos de famille perdent la trace de ce qu'elles cherchaient à enregistrer. Elles deviennent comme ces vieilles pierres tombales négligées qui, dans les cimetières, finissent par perdre toute connection avec l'histoire qu'elles avaient pour but de commémorer. L'histoire finit par s'effacer et disparaître.


Ces dernières années, j'ai accumulé un grand nombre de photographies en noir et blanc d'enfants qui pourraient être mon père. Chaque fois que je les regarde, je me dis: ça pourrait être mon père. Qu'est-ce que ça changerait si c'était vraiment lui? Pourrais-je me convaincre que j'y reconnais son être - comme s'en convainc Barthes devant la photo du Jardin d'Hiver? Est-ce que ça changerait quelque chose si je déclarais que cet enfant-là, c'est lui? Est-ce que ça changerait quelque chose pour le lecteur, de croire en cette fiction de lui enfant?

Encore une fois, serait-ce trahir? Est-ce que l'on doit quelque chose aux morts? Doit-on protéger leur dignité et rester fidèle à l'histoire à laquelle ils auraient aimé appartenir, quitte à mentir?


Source: pedromeyer, dailylenswork,