stealing art, pendant une résidence à Imago
À l'atelier Imago de Moncton où je fais une résidence, il y a tout un tas de papiers de brouillons sur lesquels d'autres artistes ont essayé des choses qu'ils ont laissées là parce que les essais n'étaient pas concluant. Alors on pioche au hasard dans le tas pour faire ses tests de sérigraphie, et les premiers dessins s'abiment sous les suivants, ou alors peut-être qu'ils se parlent.
Depuis que je suis arrivée, cette pile de papier est mon sapin de noël. Je m'agenouille à ses pieds pour découvrir chaque jour des petits cadeaux sérigraphiés : un gros citron d'un jaune éclatant, un raton laveur et un ours, des étiquettes de vêtements, une histoire de soeurs et de deuil... Chaque fois, j'en prends un petit échantillon que je range dans mon tiroir, et je me dis que ce qui me restera de cette résidence, ce sera peut-être ce petit tas de papiers volés que je relierai en un zine sur lequel j'écrirai «sorry» ou «merci», je ne sais pas.
Crédit : les artistes membres et les artistes qui ont effectué une résidence à Imago